Comment je suis devenue coureuse

Venla Jyrkinen est une motoneigiste passionnée qui aime le sport sous toutes ses formes. Elle adore les longues randonnées, les aventures hors piste et la vitesse en sentiers comme sur les circuits de course. Venla a commencé à faire de la motoneige en 2016, après avoir déménagé dans le nord, à Inari, en Laponie finlandaise. Depuis, on l’a vue sur les circuits Enduro et sur les circuits de sprint finlandais et, en 2020, elle a participé à la course d’endurance Cain’s Quest, organisée au Labrador, au Canada. Ce printemps, elle a relevé un nouveau type de défi : elle s’est lancée dans une course de snocross d’époque avec neuf autres femmes courageuses.

 

Le monde se brouille à la limite de ma vision alors que je file en motoneige sur un circuit de course qui se dirige dans un sous-bois. Encore un virage en épingle et c’est le marécage qui apparaît devant moi. J’appuie sur l’accélérateur en cherchant des yeux le prochain panneau vert, et la motoneige plonge vers l’avant. Des frissons parcourent mon dos en sueur, sous l’armure.

Je ne fais qu’un avec la motoneige, et nous nous envolons. Tout ce dont j’ai besoin se trouve dans le moment présent. C’est la sensation pour laquelle je fais la course.

 

Le sprint est une forme de course rapide où le circuit ne fait qu’environ cinq kilomètres. La saison 2021 s’est terminée par une victoire en catégorie féminine aux championnats finlandais.
Photo : Harri Junnila

 


 

 

J’ai commencé à faire de la motoneige il y a six ans. Je venais de déménager en Laponie du Nord et j’ai décidé que je voulais essayer des activités locales. J’ai loué une motoneige pour la journée en me disant qu’il fallait que je vive ça au moins une fois, sans me douter que l’expérience allait changer ma vie. J’ai acheté une motoneige même si je ne connaissais rien au sport ni aux véhicules, et j’ai commencé à apprendre. J’ai conduit mon Lynx Xtrim sur les sentiers et dans l’arrière-pays, en apprenant lentement à le maîtriser et en profitant de chaque instant. J’ai ressenti une joie d’enfant qui apprend de nouvelles choses et qui découvre la nature sous un autre angle. La motoneige a transformé mes journées en aventures.

Après quelques hivers, j’ai compris que faire de la motoneige était plus qu’un simple loisir pour moi. Le frisson de la vitesse m’avait accrochée. J’ai commencé à jongler avec l’idée d’essayer la course. Comme je n’avais conduit que des modèles hybrides, je rêvais d’acheter une motoneige de course. J’ai acquis mon propre Lynx Rave RE en février 2019 et, je me suis presque tout de suite inscrite à ma première course Enduro. Je me suis dit qu’il fallait que j’essaie ça au moins une fois dans ma vie.

Une course Enduro se divise en deux étapes spéciales ou plus qui, ensemble, totalisent un minimum de 70 kilomètres. La course exige de la vitesse, de l’endurance et une grande concentration. Le coureur doit suivre un sentier de l’arrière-pays à la fois étroit et sinueux, balisé par des panneaux verts. Je suis tombée en amour au moment même où je me suis lancé sur le circuit. J’ai vécu une expérience inoubliable à faire la course à travers la nature sauvage et enneigée, et à plonger dans l’instant présent comme jamais auparavant. Je me sentais tellement vivante. Remporter une place au podium a été un bonus inattendu de cette grande journée, et c’était clair qu’il fallait que je retourne sur les circuits de course.

 

Préparation de la saison de course 2021 en Laponie finlandaise.

 


 

 

Je commençais à planifier une saison de courses Enduro pour l’hiver suivant, mais, très rapidement, une autre occasion passionnante s’est présentée. Une équipe finlandaise se préparait pour la Cain’s Quest 2020, la course d’endurance en motoneige la plus difficile au monde, et l’équipe féminine, qui devait être la première de l’histoire de la course, avait une place libre. La course organisée dans le Labrador, au Canada, exigeait de traverser les étendues sauvages du Labrador deux par deux, sur plus de 3 000 kilomètres, en moins d’une semaine. Je me faisais rire, seulement à y penser – si nouvellement initiée au sport, comment est-ce que je pouvais m’imaginer sur la ligne de départ avec certaines des coureuses les plus sérieuses au monde?


Je me connaissais assez pour savoir que je ne pouvais pas refuser une telle occasion. J’ai consacré un an de ma vie à me préparer pour cette course qui exigeait une endurance extrême, de la détermination, des compétences de navigation et mécaniques, la capacité de résoudre des problèmes et, surtout, la force mentale nécessaire pour supporter la douleur et le manque de sommeil qui s’installent dans le corps après quelques jours de course extrême. Ma partenaire Henna Riekkoniemi et moi avons travaillé très fort pour atteindre notre objectif et, le moment venu, nous étions prêtes – la course a été formidable! De notre côté, par contre, nous avons eu plusieurs problèmes mécaniques, et nous avons dû abandonner après 2 000 kilomètres à cause d’une panne de moteur. La vraie nature de cette course extrême apparaît en regardant les statistiques : seulement 13 des 48 équipes participantes ont réussi à franchir la ligne d’arrivée. La déception a été énorme, mais nous savions que nous pouvions être fières. En fait, après cet objectif manqué, il ne restait qu’une question en suspens : une autre course, peut-être?

En 2021, c’était le temps d’entamer une première saison complète de courses en Finlande. J’ai participé à la série complète des championnats finlandais de sprint en motoneige et, en fin de série, j’ai remporté la première place au podium dans la catégorie féminine. Les sprints à haute vitesse, là où le circuit ne fait qu’environ cinq kilomètres, m’ont ouvert l’appétit pour les courses Enduro sur de plus longues distances à parcourir et à apprécier, mais les réalités de la Covid-19 ont écourté la saison.

 

Hiver 2020 au Labrador, Canada, avec ma partenaire de motoneige Henna Riekkoniemi. L’aventure que nous avons vécue à la course d’endurance Cain’s Quest a été mémorable. Une expérience à renouveler un jour, peut-être?
Photo : Mikko Vainionpää

 


 

 

Mes yeux sont maintenant tournés vers le futur, et j’attends avec impatience la prochaine saison. J’espère pouvoir m’attaquer à la série complète des championnats Enduro finlandais, et continuer de profiter pleinement de la diversité que m’offre la motoneige. Je me suis mise au défi au printemps dernier, et j’ai même participé à une course de snocross, où j’ai découvert qu’il fallait posséder une foule de compétences différentes et une motoneige conçue pour ce genre de compétition! Ce serait amusant de pouvoir m’entraîner un jour sur des circuits de snocross avec le bon équipement. La motoneige offre des possibilités infinies pour se mettre au défi et s’amuser!


La motoneige est devenue un style de vie, et j’y pense à longueur d’année, même si la saison de course ne dure pas longtemps. Comme pour tous les sports de compétition, les athlètes doivent s’entraîner et se préparer tout au long de l’année. L’été, je cours, je fais du vélo de montagne et je m’entraîne au gym pour rester active. La motoneige est un sport physique qui exige la participation de tout le corps, pas seulement du pouce sur l’accélérateur, pour courir à haute vitesse.


La course, pour moi, c’est bien plus qu’une chasse aux trophées. Par-dessus tout, c’est une façon de me mettre au défi et de profiter de toutes les occasions que les courses me donnent de mettre mes compétences à l’épreuve et d’en profiter. Le circuit de course me permet de me laisser aller et de voir jusqu’où je peux me rendre. Peu importe le sport que vous aimez pratiquer, la compétition vous force à saisir l’instant présent et vous permet de tester vos propres limites. Les journées de course rassemblent des personnes qui partagent votre passion. Les courses réunissent les amateurs de motoneige de tout le pays, et même du monde entier. C’est formidable de faire partie de cette famille.

 

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